Bienvenue dans notre série d'interviews "Redéfinir le Luxe", où nous contemplons l'essence du luxe et explorons ses multiples formes et définitions. À travers des conversations ouvertes avec des créateurs, des entrepreneurs et des passionnés, nous parlons du processus derrière la conception de créations luxueuses, agréables, mais réfléchies, et de leur importance dans le monde moderne. À la recherche de joie, d’émerveillement et d’inspiration.

Dans cette édition, nous avons échangé avec les cofondatrices de la marque de lifestyle et design Totum Project - Ria Dunn et Alexandra Normand.

Pendant ce temps, Alex était en train de quitter son poste en entreprise dans le secteur de la tech et devenait de plus en plus consciente des enjeux environnementaux. Elle s’est inscrite à un cours de gestion durable, ce qui lui a ouvert les yeux sur les défis que nous devrons relever au cours des dix prochaines années. Il n’y a pas un temps infini pour opérer un changement, et cela est devenu une priorité pour elle de contribuer à cette cause. Après avoir rencontré Ria, il est vite apparu qu’elles partageaient la même vision et les mêmes valeurs dans la vie. Ensemble, elles ont décidé de saisir cette opportunité et de trouver le courage de commencer à construire Totum, étape par étape.

Le développement du projet a nécessité beaucoup d’exploration dans les premières étapes, et la qualité des matériaux était d’une importance capitale. Alex et Ria sont bien conscientes du fait qu’on ne peut rien produire sans avoir un impact sur la nature. Reconnaître que les êtres humains créeront toujours des choses, mais le faire de manière à respecter notre environnement et à minimiser notre impact est plus que crucial. Elles s'assurent donc que le produit apporte de la valeur d’une manière ou d’une autre.

"Nous ne pouvons pas changer toutes les dynamiques du monde, mais il est bon de réfléchir à la manière dont nous pouvons changer nos vies personnelles, ralentir et modifier notre façon de nous réveiller le matin. La façon dont nous prenons notre premier café, notre premier repas, notre première interaction de la journée… Apporter ces petits changements significatifs, c’est tout ce qui compte", explique Ria.

Totum, c’est avant tout avoir le courage de renverser la tendance et de s’assurer que le modèle économique fonctionne pour tout le monde. Évidemment, pour l’environnement, le client final qui achète, mais aussi pour les personnes qui travaillent sur le projet, afin qu’il y ait plus d’équilibre en général.

Tout d’abord, Totum a voulu se concentrer sur le lit et la qualité du sommeil comme première étape de son développement. Ria discutait avec un herboriste, et il lui a dit quelque chose d’important et de significatif : "Vous pouvez créer tous les remèdes naturels que vous voulez, mais en fin de compte, si quelqu’un ne dort pas bien, c’est la première chose que vous devez corriger." Et cela l’a marquée. L’idée est de donner envie aux gens de rester au lit, de bien dormir et de cultiver l’intimité dans cet espace sacré. Le premier objectif était de développer de magnifiques draps. Par exemple, les draps sont en satin d’un côté, celui qui touche la peau, et en lin de l’autre côté. Ce qui est beau avec ces draps, c’est que plus vous les utilisez et les lavez, plus ils deviennent doux.

Mais en réalité, Totum va bien au-delà de la chambre à coucher.

"C’est un style de vie, en fait. Et ainsi, la création de ces espaces sacrés et de cette qualité est quelque chose qui imprègne toute votre vie. Nous avons donc commencé une petite collection capsule de vêtements, car c’était une évolution naturelle, évidemment, compte tenu de mon passé, mais aussi parce que ces beaux matériaux naturels deviennent comme une seconde peau. Il semblait tout à fait naturel d’étendre notre concept à des pièces à porter également."

À l'époque où tout le monde s’est tourné vers le confort pendant la période du Covid, en passant plus de temps à la maison, le fait de créer pour cet environnement a pris tout son sens. Cependant, les coupes sont légèrement différentes de celles des vêtements de détente standard. Elles sont uniques, de manière à ce que vous puissiez les transformer en une sorte de seconde peau que vous portez tout le temps, que vous pouvez habiller de manière chic ou décontractée, ce qui les rend universelles. En ne développant soigneusement qu’une seule collection par an, au lieu du cycle de mode habituel, Totum vise à rétablir un modèle économique axé sur la production de pièces de qualité, durables, qui n’ont pas besoin d’être constamment renouvelées car elles sont intemporelles dans leur essence.

Ria affirme : "Je veux créer des choses dont vous ne voudrez plus vous passer. Des choses qui vous font vous sentir bien. C’est vraiment important pour moi. Tout tourne autour de vous permettre de briller, de vous sentir incroyable, et de paraître bien tout en étant confortable. Cela a toujours été ma devise en matière de vêtements."

Totum s'engage pleinement à se structurer de manière véritablement durable et à contribuer dès le début. L'adhésion à 1% for the Planet n’est qu’un premier pas. La prochaine étape consiste à établir un système pour mesurer l'impact des produits sur leur cycle de vie. Par exemple, selon le Higg Index, le polyester recyclé peut obtenir un bon score, même s'il s'use rapidement. En revanche, la soie, durable, ne reçoit pas un bon classement. Totum souhaite engager une discussion sur les choix de matériaux au quotidien pour contrer le greenwashing omniprésent.

"En tant qu’entreprise, nous avons choisi d’utiliser uniquement des matériaux naturels. Pour nous, recycler du plastique n'est pas une solution, donc nous avons décidé de ne pas utiliser de polyesters recyclés, actuellement très tendance. Prendre une bouteille en plastique et la transformer en fil n'est pas sain. Pour cela, les bouteilles doivent répondre à certaines conditions, ce qui n’est pas toujours le cas, et elles finissent souvent par être produites uniquement pour créer ces fils."

Le fil de chanvre est une option idéale car, bien que non certifié biologique, il pousse naturellement sans pesticides et utilise peu d'eau. C’est une plante autrefois populaire avant la Seconde Guerre mondiale, qui revient peu à peu malgré sa rareté. Ria et Alex croient en ses nombreuses applications et continuent d'investir dans l'espoir de le rendre essentiel dans l’industrie de la mode tout en rééquilibrant les prix.

Actuellement, Totum travaille sur de nouveaux développements textiles et coloriels, testant des draps en mélange de chanvre et de coton, une combinaison encore rare dans le domaine de la literie.